D’abord la sécurité de tous. Elle sera en fait de la responsabilité du chef de bord. Les problèmes de santé à bord seront le plus souvent d’autant plus faciles à appréhender que l’on aura anticipé les risques en se préparant à gérer ce que l’on appelle les 4 F, à savoir :
Le Froid La Faim La Fatigue La Frousse
On peut cependant ajouter un 5ème F à savoir la Fatalité, car faire un infarctus, un AVC ou une crise d’appendicite en mer peut être considéré comme une fatalité que l’on gérera avec l’aide du 16 , tout comme, bien sûr les accidents et traumatismes sévères. Les 4 F sont intimement liés.Il est admis qu’une sortie par très beau temps chaud, mer calme et doux zéphyr, n’entraîne que peu de risques vis à vis de tous, hormis l’inconscience et l’irresponsabilité. Mais il convient de veiller aux coups de soleil, aux coups de chaleur. En revanche, une dégradation nette de la météo, à fortiori mal prévue ou mal estimée, risque de désorganiser très rapidement la vie à bord avec l’apparition dans le cadre de ce syndrome des 4 F de difficultés à gérer et l’équipage et le bateau. Donc il faut en anticiper au maximum la survenue, permettant ainsi de gérer la santé de tous, y compris celle du chef de bord.
LES 4 F SONT LES POURVOYEURS DU MAL DE MER. ILS SONT DONC CAPABLES DE METTRE UN ÉQUIPAGE EN DIFFICULTÉ
(Rappel de certaines traversées de la Manche par Force 10 et non pas 6 comme entendu à la météo au départ d’Angleterre.)
Pour conserver un équipage efficace et en forme, il convient donc d’anticiper :
LE FROID : Demander à tous de bien se couvrir, de préparer un change, de savoir où sont rangées les affaires dans les sacs pour ne pas avoir à chercher trop longtemps en bas ; ne pas oublier de se couvrir le cou, les mains avec des gants, les jambes avec un caleçon et tout cela avant la détérioration du temps. Savoir qu’il existe des couvertures de survie en ALU qui peuvent être découpées et placées autour du tronc et maintiennent le corps au chaud. Le chef de bord doit pouvoir distribuer des postes à chacun, y compris le repos en raccourcissant nettement les quarts pour éviter la torpeur et la fatigue, obliger à recourir à d’assez fréquentes manœuvres pour réchauffer les équipiers sur le pont. Il convient donc de bouger fréquemment, de ranger des bouts, de barrer etc… Il faut donc se couvrir AVANT D’AVOIR FROID.
LA FAIM : Anticiper la faim et l’impossibilité relative de préparer un repas : avoir toujours préparé une cocotte avec des aliments chauds ou très faciles à réchauffer, des couverts simples, des boissons chaudes, en fait de l’eau chaude en réserve que ce soit pour des ROYCO MINUTE SOUP ou des chocolats ou thés bien sucrés. Le skipper doit veiller absolument au rythme alimentaire de tous. Il convient cependant d’éviter les aliments trop riches en graisse, l’alcool et le café qui peuvent incommoder l’estomac. Il faut donc manger AVANT D’AVOIR FAIM.
LA FATIGUE : Elle s’installe plus ou moins rapidement, de façon souvent insidieuse, en se rappelant cependant qu’en mer, surtout lorsqu’il y a du gros temps, les mouvements du bateau entraînent une activité musculaire importante et souvent ignorée, aggravant cette fatigue surtout chez les moins habitués. Le meilleur moyen de tenir est d’alterner très régulièrement des activités qui seront physiques et des temps de repos : 1h d’activité, 1 heure de repos où on se réchauffe, se réhydrate et se détend (l’équipier qui connait une foule d’histoires à raconter est une bénédiction pour gérer cette fatigue).
LA FROUSSE : Elle est inhérente à la méconnaissance du monde de la mer et surtout elle est très contagieuse. Il s’agit pour le skipper d’expliquer ce qui va se passer, ce qui se passe voire ce qui vient de se passer. Il faut veiller à ce qu’aucun des membres de l’équipage ne se laisse isoler par sa peur, sa fatigue. Le meilleur moyen de lutter contre ses craintes est de rester connecté à l’équipage, participer à une activité, même brève, barrer, assurer une veille visible et « audible », parler, voire pécher (mais pour rien) car il ne faudra pas garder le poisson à bord vu l’odeur et les glissades c’est une bonne occupation.
Le choix de la route à suivre est aussi important, il est évident qu’une allure arrivée met l’équipage dans une sérénité parfois fort utile.
LA LUTTE CONTRE LES 4 F DIMINUE LE RISQUE DE VOIR APPARAÎTRE LE MAL DE MER
Les signes annonciateurs : isolement - pas de communication - somnolence - pas d’appétit ou refus alimentaire – torpeur.
De quoi s’agit-il ?
D’un conflit entre la perception des mouvements que l’on subit dans le bateau qui bouge et les repères que l’on a dans ce bateau, repères qui bougent tout comme nous. Donc nous bougeons, nous nous sentons secoués et en même temps les choses que l’on voit autour de nous, l’intérieur du bateau, les voiles, le mat ne se déplacent pas pas rapport à nous, d’où panique dans nos centres d’équilibre et surcompensation avec malaises, vomissement etc...
Qui est atteint ?
Tous, même les plus habitués peuvent rechuter. Le plus souvent les choses s’améliorent au bout de 2 à 3 jours, mais ce n’est pas garanti. Les enfants jeunes n’ont pas ou moins souvent le mal de mer, en fait ils y sont insensibles avant l’âge de 2 ans par immaturité de leurs centres d’équilibre. Les personnes âgées elles-aussi semblent moins sensibles, mais elles ont plus facilement froid. De toute façon, il y a une sensibilité personnelle, on y est bien sûr plus vulnérable lors d’une navigation au près (sensibilité au tangage) que lors d’une navigation au grand large (sensibilité au roulis que l’on peut tempérer par un meilleur appui de la voilure).
QUE FAIRE QUAND NOUS EN SENTONS OU CONSTATONS LES EFFETS :
D’abord s’activer, ou en donner l’ordre, de façon progressive, le rôle du chef de bord est d’arriver à obtenir une mise en mouvement douce sans laisser de temps pour repartir dans l’isolement et la torpeur : « donne-moi ce bout, passe-moi la bouteille à coté de toi, tiens UN INSTANT la barre, borde un peu la grand voile etc… », en sachant que le plus difficile est de le faire bouger de la place où il s’est réfugié. Puis on lui laisse la barre plus longtemps ; c’est assez radical car on fixe l’horizon très facilement.
La composante psychologique du mal de mer n’est pas négligeable, il faut stimuler, rassurer, expliquer, parler voire chanter… À défaut rester à l’extérieur, respirer profondément et s’efforcer de fixer l’horizon ou un autre point fixe (la côte, les étoiles), afin de fournir un point de repère stable à notre cerveau affolé. Le vomissement peut survenir, il justifie le principe d’être OBLIGATOIREMENT ATTACHÉ dans le cockpit, car il convient de vomir dans un seau et non sous le vent, mais la détresse du mal de mer peut occasionner des gestes de panique, d’où la nécessité d’une sangle à fond de cockpit. Le départ vers l’évacuation sous le vent est un des moments les plus dangereux de la vie à bord, tout comme les mictions masculines au tableau arrière.
Des sacs en papier (pas de plastique vu pollution et risque animal) à disposition à l’intérieur et à l’extérieur, voire un ou 2 seaux dévolus à cet effet sont indispensables.
QUE FAIRE QUAND IL EST TROP TARD ET QUE LE MAL DE MER S’EST INSTALLÉ
Lorsqu’il est clair que le mal de mer s’est installé, le plus prudent est d’aider le malade à s’allonger à l’intérieur pour éviter chute et blessure en sachant qu’il faut l’accompagner car les mouvements sont très mal assurés ; l’installer au plus près du centre de gravité pourquoi pas sur le plancher du carré avec des coussins pour le caler, le déshabiller et l’entourer d’une couverture de survie. Fournir un seau que l’on vide régulièrement à l’extérieur. Là encore, il faut le réhydrater sucré et salé +++ régulièrement ? Donner du Coca, pour une fois cela rend service, l’alimentation : la banane et la barre de chocolat.
LES MÉDICAMENTS DU MAL DE MER
Le meilleur me paraît être le STUGERON 15 que vous trouvez en pharmacie voire en grande surface en Angleterre : Il contient de la CINNARIZINE à la dose de 15 mg par comprimé. Il vaut mieux en acheter un à 2 boites et les laisser dans le bateau. Il peut être pris en prévention : 1 comprimé toutes les 8 heures donc 3 fois par jour pendant 2 à 3 jours. Ou en cas de risque en sachant qu’il faut 2 à 3 heures pour qu’il soit efficace à prendre avec de l’eau sucrée. Sinon MERCALM NAUTAMINE DRAMAMINE. Peuvent être utilisés les atropiniques comme le SCOPODERM mais attention aux effets secondaires bouche sèche, troubles visuels surtout risque d’aggravation si glaucome et troubles prostatiques (ça peut coincer en bas !!)
AUTRES MÉTHODES :
L’acupression bracelets vendus en pharmacies efficacité très variable tout comme l’acupuncture.
L’homéopathie la COCCULINE là aussi efficacité très variable.
LES LUNETTES BOARDING RING concept très intéressant avec des fausses lunettes à niveau liquide qui restituent un horizon stable à votre cerveau embrouillé, barbouillé et embrumé. On parle aussi de vêtements gainants type WEAR IS MY BOAT... Je ne connais pas
LA CHUTE PAR DESSUS-BORD
2 types de chute à la mer :
Soit il est resté attaché à la ligne de vie, vous ne le perdrez pas, mais il est probablement assommé, inconscient et il conviendra de le remonter sans son aide , il pèse alors une tonne, une tonne inerte et choquée, il faut le remonter au WINCH en ayant stoppé le bateau, soit par le tableau arrière quitte à ce qu’un équipier ATTACHÉ se glisse auprès de lui pour passer le ou les cordages, soit à bout de bôme s’il est possible de gréer un palan. Soit il est tombé à l’eau sans attache et c’est un autre problème et n’oubliez jamais de prévenir le CROSS tout de suite même si vous arrivez à le récupérer. De toutes façons vous récupérerez probablement une véritable loque glacée, épuisée, choquée. Les congratulations, c’est pour plus tard !!! D’abord en petite tenue, en slip, ce n’est négociable, un examen général hyper-rapide pour voir s’il n’a pas de blessure visible ; puis on l’entoure complètement d’une couverture de survie et on le met couché sous le vent sur la banquette du carré. On le rassure et on vérifie ensuite les plaintes douloureuses éventuelles, les difficultés respiratoires essentiellement, on prévient le CROSS à la fois de la récupération et de l’état général apparent du naufragé, à fortiori si blessures ou difficultés respiratoires.
Réhydratation, repos, réchauffement puis on laisse le naufragé parler pour évacuer son angoisse. La croisière risque d’être interrompue d’ailleurs et il faudra veiller à ce qu’il puisse être vu par un médecin dès son retour.
LA CHUTE DANS OU SUR LE BATEAU :
Divers types de gravité peuvent bien sûr être envisagés.
Traumatisme sans grande conséquence justifiant le repos, des antalgiques simples comme du DOLIPRANE, des pansements, une immobilisation minimale.
Traumatismes plus graves : Trauma crâniens, si perte de connaissance initiale ou dans un 2ème temps le CROSS doit impérativement être prévenu et vous mettre en correspondance avec un médecin d’urgence. Fractures, même décision, immobiliser le blessé, le caler avec tous les coussins possibles ; le bateau doit faire la route la plus confortable possible. Ne donner de médicaments que sur avis médical. Pas d’ASPIRINE.
L’entorse doit justifier autant que possible, une immobilisation.
La plaie nécessite en fait 2 choses : une désinfection avec de la CHLOREXHIDINE qui ne pique pas et un pansement, soit gras, soit avec des pansements tout faits genre MEPILEX, PUIS BANDES DE CONTENTION ET DE SOUTIEN
AUTRES URGENCES :
ON PEUT BIEN SÛR IMAGINER N’IMPORTE QUOI
Vous n’avez pas de médecin à bord et en fait vous naviguez à moins de 24 heures de la côte.
La seule urgence qui me paraît réelle est une crise d’allergie, le plus souvent alimentaire avec l’ingestion d’un aliment pour lequel le malade a oublié de préciser voire ignore son allergie. Les symptômes en sont régulièrement une sensation de malaise, de gonflement, de gêne respiratoire, de démangeaison, possibilité également d’asthme. Le traitement est finalement simple : 1 injection de 1 ampoule d’ANAHELP 300mg dans la partie externe de la cuisse ou de la fesse. Le produit est tout prêt,
2 seringues avec aiguille montée, un petit coup de désinfection et on plante l’aiguille avec fermeté puis on pousse la seringue. On prévient le CROSS il existe une 2ème seringue si pas d’amélioration au bout de 10 à 15 minutes. Et c’est tout (la CORTISONE n’agit qu’au bout de plus de 1 heure donc trop tard, la VENTOLINE n’agit pas sur les phénomènes autres que les sifflements). Ne pas s’étonner des palpitations, l’ADRENALINE fait battre le cœur très fort
QUELS MÉDICAMENTS AVOIR À BORD ?
PEU DE TRAITEMENTS FINALEMENT et rangés dans un endroit connu de tous.
DU STUGERON 15 : 2 à 4 BOITES, se garde plusieurs années, 3 comprimés par jour
DU DOLIPRANE 1000 : 2 BOITES, 2 à 4 comprimés par jour
DE L’IBUPROFEN 400 : 1 BOITE, 3 comprimés par jour
Un désinfectant CHLOREXHIDINE 250 cc
2 BOITES de 10 compresses stériles de 10*10
3 BANDES VELPEAU DE 7 cm de large
1 BANDE COHEBAN de 6 cm de large pour faire des pansements qui tiennent
1 rouleau de sparadrap
1 boite de gants d’examen même non stériles
1 boite de pansements MEPILEX BORDER taille variés si possible
1 BOITE D’ANAHELP 300 mg achetée sur ordonnance d’un médecin se garde 18 à 24 mois
COMMUNIQUER AVEC UN MEDECIN :
APPEL DIRECT AU CCMM : Centre de Consultation Médicale en Mer (CHU de TOULOUSE)
+ 335 34 39 33 33 ccmm@chu-toulouse.fr
APPEL PAR LE CROSS : VHF = 16 ASN C 70 MF = ASN 2187,5
TELEPHONE 196 n° national d’urgence en mer
Renseignements particuliers pour navigation longue traitement particulier etc
TEL : + 33567 69 16 78 c’est le secrétariat du CCMM Ccmm.secretariat@chu-toulouse.fr
Site WEB CCMM = http://www.chu-toulouse.fr/-centre-de-consultation-medicale
QUELS INGRÉDIENTS AVOIR À BORD ?
DES ROYCO MINUTE SOUPE DU THÉ + SUCRE DU COCA SUCRÉ, DES BANANES, DES BARRES DE CHOCOLATS, UN PLAT CONSISTANT POUVANT FAIRE 2 REPAS POUR L’ÉQUIPAGE ET PRÉPARÉ SOIT AVANT SOIT EN CROISIÈRE PAR BEAU TEMPS, DE LA MUSIQUE À BORD, UN DÉSODORISANT ASSEZ NEUTRE À UTILISER LARGEMENT, 3 OU 4 COUVERTURES DE, SURVIE. LA DOTATION OBLIGATOIRE POUR LES BATEAUX NAVIGUANT AU DELÀ DE 6 MILLES, SEMI-HAUTURIER DE 6 À 60 MILLES ET HAUTURIERS À PLUS DE 60 MILLES D’UN ABRI EST FINALEMENT LA MÊME QUE CELLE INDIQUÉE PRÉCÉDEMMENT
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