27 – 28 et 29 mai 2023
Le Week-end Commando !
Nardoa avait un rendez-vous important pour ces trois jours du Week-end de pentecôte !
Un aller et retour St Malo Jersey dans la journée !
Qui dit mieux ?
Voici la valeureuse équipe de « Nardoa mode Condor » :
Un chef de Bord, 3 équipiers et 2 équipières à bord pour une sortie découverte/formation dont un équipier en validation Chef de Bord.
Catherine, Olivier et Jean Pierre Sébastien (en validation), Laurence et Michel (Chef de bord)
Une météo peu coopérative
L’équipage était informé que pour sa validation Sébastien devait faire une navigation de nuit. J’avais donc proposé un parcours St Malo – Chausey, puis le soir Chausey- St Hélier, mais les météos annonçaient du 4 à 5 de NE avec rafales puis du 5 à 6 pour le dimanche et enfin, 6 à 7 pour le lundi. Par expérience, je savais que l’atterrissage à St Hélier par vent d’Est Nord-Est fort est difficile.
Vendredi soir l’équipage réuni autour d’un bon repas discute des options possibles pour éviter une entrée de nuit trop compliquée à Jersey. Cela n’apportera rien de plus pour l’évaluation de Sébastien, il aura bien le temps plus tard de se confronter à une telle situation. On a beau retourner le problème dans tous les sens, on ne trouve pas de solution satisfaisante et finalement on s’accorde sur l’idée de Jean Pierre : monter à Jersey puis repartir pour faire une entrée de nuit à St Malo !
Samedi 27 mai
8h30, Sébastien dirige le départ du catway puis la sortie du port.
Le vent est bien NE entre 15 et 18Nds et nous évaluons avec Sébastien, à la table à carte, les deux options : Passage par Chausey et offrant ensuite une route au travers pour Jersey ou par l’Ouest des Minquiers imposant une montée au près à tirer des bords. Notre cap au près montre que le passage vers Chausey et le contournement des Minquiers sera franchement plus compliqué.
On opte pour la SW Minquiers qui nous permet d’abord une belle route au petit largue, allure idéale pour Nardoa.
La mer est un peu cahotante et bouscule les estomacs mais il fait beau et le vent est assez fort et plutôt régulier. Un ris dans la GV et génois enroulé à 3 tours, Nardoa avance à 5/6 nds.
A l’approches des Minquiers un banc de Dauphins ravi l’équipage par ses cabrioles au raz se l’étrave !
12h30, passé la NW Minquiers, le vent choisit de mollir. On renvoie la toile ! Nous montons vers jersey mais le cap permis par Eole n’est pas génial : 350° ! Bref, il va falloir tirer des bords !
On travaille à la carte pour ajuster les virements d’autant que, malgré la morte eau, le courant nous tire vers l’Ouest. Ce sera une belle série de virements parfaitement maîtrisés par un équipage efficace où, bras féminins autant que masculins, ont été fort sollicités ! D’autant qu’une demi-heure plus tard, le vent se renforce à nouveau, obligeant à rependre un ris et enrouler le génois à 5 tours. On est à la limite du 2ème ris.
Tribord amure et Bâbord Amure sont les mamelles de la nave au près serré !
Moment solennel : L’envoi du pavillon Britannique ! En fait, Sébastien voulait simplement matérialiser la direction du vent pour bien naviguer au près ...
Finalement, nous tirons un long bord le long des Minquiers dont tout le plateau est apparent, hérissé de pics forts peu accueillants pour les carènes. Enfin, l’angle vers la baie de Sainte Brelade nous permet un dernier virement pour filer droit sur le plateau rocheux qui le déborde mais reste suffisamment immergé pour nous laisser passer. On découvre au passage que la bouée Nord qui délimite le chenal vers St Hélier à disparu.
19h … On mouille l’ancre près de la plage dans ce joli décors éclairé par le soleil qui commence sa plongée vers l’ouest. C’est le moment de prendre un petit remontant et de se restaurer confortablement après 12h de nave au près plus ou moins serré mais toujours bien inconfortable.
Le coucher de soleil fut bien beau … Mais, ce n’est pas le tout, nous avons une mission précise à accomplir :
Une nave de nuit dans le cadre de 3ème sortie de validation chef de bord de Sébastien…
Hé ! Oui ! Çà rigole pas à CCF … On met le stagiaire à rude épreuve ! Mais toujours dans la bonne humeur !
22h : On y retourne ! Mais cette fois c’est au portant. On organise la navigation en deux quarts de 3h, ce qui devrait nous amener pas loin de St Malo.
Premier quart : Michel Laurence et Jean Pierre.
Second quart : Sébastien, Catherine et Olivier.
Le premier quart chausse les gilets de sauvetage et nous partons sous la lune montante qui éclaire doucement les vagues poussées par 15Nds de NE qui grandissent au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’abri.
On marche à 3/4 nœuds et on renvoie la GV entière pour reprendre un peu de vitesse et moins se faire bananer par une houle bien présente.
Les trois équipiers au repos tentent de dormir dans leurs banettes… mais les mouvements incessant et un brin désordonnés du bateau ne permettent tout juste que de sommeiller.
On descend tranquillement vers la NW Minquiers et on distingue assez rapidement ses petits éclats qui disparaissent en temps en temps derrière la houle.
La houle !
Ha ! C’est peu dire comme Laurence s’en passerait bien. Remontant dans le cockpit après avoir passé un moment un peu trop long dans le « cabinet d’aisance » du bord – faut dire que les contorsions dans cet endroit, ballottés d’un bord sur l’autre, prennent un peu plus de temps qu’à la maison. Bref, Laurence n’est pas en grande forme et doit s’allonger dans le coin du cockpit pour reprendre ses esprits. Mais pas du genre à se laisser abattre, elle combat discrètement le malaise et reprend assez vite du poil de la bête !
00h50, la bouée est juste à côté de nous et l’équipage est surpris par la différence d’appréciation des distance la nuit. Difficile de dire à quelle distance on est de la bouée. Moi je parie pour un petit 30m et les éclats du feu éclairent bien dans la cabine à travers le hublot. Cap au 170° vers la SW Minquiers. Cette fois on distingue très bien les éclats du Cap Fréhel sur bâbord avant … C’est toujours bon de voir ses marques de parcours.
01h10 : Changement de quart !
Un bon coup de clairon et tous sur le pont !
Heureusement, pas d’engin de se genre à bord, alors j’essaie de réveiller en douceur les dormeurs. C’est toujours désagréable de couper le sommeil des copains, mais c’est incontournable. D’ailleurs, on ne peut pas dire réveiller car Catherine et Olivier me disent qu’ils n’ont pas pu dormir. Sébastien est levé et tout le monde s’habille pour affronter la fraîcheur nocturne.
Cette fois c’est Sébastien qui prend le rôle de chef de bord de nuit !
Nous trois rejoignons nos banettes. Je confirme : impossible de dormir ! Les à-coups, le bruit … nous ne sommes pas encore vraiment amarinés. Mais on se repose quand même, on dort en pointillé.
1h30, la SW Minquiers est là et le second équipage aura la même impression que nous à la NW. Ils ont l’impression d’être tout prêt !
Quoi qu’il en soit, maintenant c’est cap au 140° et ça cartonne au travers pour la descente en direct vers le grand Jardin.
Du coup, un gros raffut se déclare là-haut … Pas étonnant, le vent est remonté d’un cran et le bateau devient difficile à contrôler. A 2h Sébastien fait réduire GV et Génois pour continuer la route un peu moins vite mais plus confortablement.
4h du mat, je me lève et rejoint l’équipe sur le pont pour l’approche finale de St Malo.
Il y a un peu d’effervescence à bord car quand on arrive devant cette côte c’est une sorte de grand sapin de noël : de blanc, du vert de rouge, çà clignote un peu partout.
Les copains essaient de décrypter tout ce qu’ils voient mais avec toutes ces lumières plus la houle qui masque une bouée de temps en temps, il y a bien de quoi y perdre son latin.
Donc, pas de panique, on vise le grand Jardin feu rouge facile à identifier, on déborde bien le feu vert des courtils et on attrape l’autoroute : Voici le grand alignement vert fixe sur vert fixe du chenal de la « Petite Porte » qui va nous amener jusqu’aux Sablons.
La descente du chenal a quelque chose de magique : Passé le Grand Jardin, on croise gros feu rouge d’alignement du chenal de la « Grande Porte », puis les bouées et tours,invisibles, défilent. A chacune une couleur, un rythme, et en approchant on distingue l’ombre de la tour du Buron qui masque en défilant les éclairages publics de Dinard. Puis on franchit la masse du fort du petit Bey et il est temps de mettre en place pares battages, aussières et de démarrer la mécanique pour affaler face au vent avant d’aller s’amarrer au ponton !
Belle épopée et aucuns regrets pour l’équipage d’avoir un peu sacrifié cette nuit de sommeil, un peu forcés par les conditions météo. L’expérience a été appréciées de tous et Sébastien a pu accomplir complètement sa nave de nuit, départ, route et atterrage.
5h30 : amarrés au ponton, le petit jour est là.
Je propose avant d’aller se coucher de prendre des petites soupes lyophilisées bien chaude. Après un brin de scepticisme, tout le monde étant bien fatigué, le breuvage fera très bon effet ! On part se coucher réchauffés et l’estomac un peu calé.
Dimanche 28 maintenant
10h Tout le monde est debout plutôt bien reposés malgré la courte « nuit ».
Petit déjeuné sympa, puis un tour à la douche : cela remet bien les idées d’aplomb.
Petite concertation entre équipage et les deux chefs de bords pour décider de ce que l’on va faire aujourd’hui.
Petit déjeuner au soleil du matin !
La météo est encore prometteuse de vent soutenu. Pour l’heure on est encore dans la zone des 15 nds, mais le vent monter à 6 dans le début d’après-midi avec des rafales.
On décide donc de partir faire un tour en baie de St Malo et je propose d’entrer en rance dans l’après-midi afin de se mettre à l’abri cette nuit et demain alors que la météo nous promet de force 6 montant à 7 avec rafale.
12h : Sébastien sort Nardoa du catway et nous sortons du port pour hisser les voiles, en gardant le ris car le vent et toujours bien présent. Je propose de remonter le chenal de la Servantine au près serré à tirer des bords !
Sébastien se met à la table à carte et organise le parcours de virements. Les équipières et les équipiers se relaient aux écoutes et à la table à carte pour suivre les calculs de route. Cette fois, les virements s’enchaînent rapidement : les Crapauds, La Roche aux Anglais, Dodehal, puis nous montons vers le Bouton et la Plate, tirons un bord vers le Pointus puis repartons NW pour arrondir le Fort de la Conchée et rejoindre le mouillage de Cézembre où nous jetterons l’ancre.
13h : Le mouillage est bien protégé du vent de NNE et nous prenons un apéro bien mérité et un bon repas préparé à l’avance par les membres de l’équipage.
Un bon moment convivial et chaleureux où échanges et rigolades qui permet à l’équipage de se remettre de cette longue nuit.
Il faut beau et chaud, et le temps passe vite et il est grand temps de décoller si l’on veut attraper l’écluse de 17h !
16h : Pendant que Jean Pierre et Olivier s’occupent de la vaisselle, Sébastien et Laurence sont à la table à carte pour préparer la route de sortie du mouillage et rejoindre le grand chenal vers St Servan.
Il y a pas mal de vent et le ris est toujours d’actualité avec un génois quelque peu enroulé.
Ça drope gentiment vers l’écluse et heureusement car nous arrivons tout juste 5mn avant l’ouverture de la porte.
A l’ouverture, c’est un gros bazar à l’intérieur. Le fort vent de Nord s’engouffrant dans le sas, des bateaux se sont mis en travers et empêchent les autres de sortir !
Une fois la situation rétablie et la place libre, j’entre Nardoa dans l’écluse en contrôlant la vitesse avec la marche arrière.
Tout le monde est content de cette nouvelle expérience et il est vrai que c’est assez impressionnant d’être enfermé entre ces deux grands murs, avec la route qui se referme derrière nous et les gros bruits amplifiés par la caisse de résonance du sas.
Assez rapidement, la porte s’ouvre sur la Rance. A mortes eaux, la différence entre mer et Rance est faible et l’échange va assez vite.
Nous envoyons le génois seul pour monter vers St Suliac vent arrière, assez fort avec des rafales instables, déviées par les reliefs. On ne va pas très vite mais ce qui importe en ce moment, c’est la beauté du paysage et ses fameuses « Malouinières ».
Tout le monde en prend plein les yeux.
18h20 : Nous prenons un coffre à St Suliac et corvée de gonflette finie, nous débarquons pour aller visiter ce superbe petit village classé et prendre une mousse face à la Rance.
Le soleil décline et il est temps de rejoindre le bord pour satisfaire aux bonnes vieilles traditions des équipages en bordées : L’apéro !
La soirée est un peu fraîche mais c’est tellement agréable au soleil couchant, d’autant que le vent de NE est moins fort qu’annoncé.
Lundi 29 mai
Aujourd’hui, le programme est simple : On reprend le chemin de l’écluse, puis on rejoint les sablons pour faire les pleins, gasoil, eau, vider le bateau et le rendre propre.
Mais auparavant, nous avons une tâche importante à réaliser : monter en tête de mât pour essayer de comprendre pourquoi l’anémomètre et la girouette refusent tout service.
Alors, on tire à la courte paille et, ça tombe bien, c’est Jean Pierre, le plus léger et le plus courageux qui gagne !
Sébastien prépare l’escalade avec toutes les mesures de sécurité que cela impose et, c’est parti pour une belle ascension … vous me direz une ascension à la pentecôte, c’est un bri tardif ! Mais rassurez-vous, celui-là on le redescendra à la fin !
La suite en images :
Celui qui monte... ceux qui tirent...
Hé ! Voilà ! Le câble est coupé net à l’entrée de la girouette et l’autre partie a disparu, sûrement tombée dans le mât. C’est cuit pour un bon moment car cela nécessitera un gros boulot. Soit passage d’une aiguille si elle veut bien passer, soit démâtage.
C’est coupé là Mais, de là haut, la vue n’est pas mal du tout !
11h : Notre ami Jean Pierre est bien redescendu !
Nous partons du mouillage, moteur en route pour la sécu, mais à la voile !
Nous tirons maintenant des bords dans un vent frais avec de belles rafales qui nous font giter plus que de coutume mais sans aucun risque. Le plan d’eau reste parfaitement plat.
Pendant ce temps, c’est Sébastien qui est de cuisine à l’intérieur !
Le chef de bord en titre tente le mauvais coup de l’homme à la mer !
L’équipage réagit bien. Sébastien dirige la manœuvre de mise à la cape, puis grand virage et retour sur le pare battage à l’eau… Oui, mais le chef de bord n’a pas attaché de seau au pare battage et il devient impossible d’attraper le bout ou le pare bat lui même : ça glisse !
On finira par le faire au moteur car l’écluse ne nous attendra pas.
12h10 : Amarrés à la bouée d’attente de l’écluse. On est un peu trop tard pour l’écluse de treize heures. Pas grave on en profite pour déguster le plat de Sébastien.
Problème : Sylvie, bateau taxi m’appelle et me demande d’avancer d’une heure le rendez-vous de débarquement, soit 16h au lieu de 17h. Cela va nous faire très court pour le débarquement.
14h : Nous sortons de l’écluse et rejoignons les sablons au moteur dans un vent qui ne cesse de monter et fait pleins de moutons au large.
16h : on est au rendez-vous à la boule avec Sébastien et nous débarquons du bateau taxi à Solidor pour aller prendre un sympathique pot d’adieu !
Grosses bises à tous
Michel Juhel